Amélie Bernard, architecture augmentée
Premières pierres
Ça a commencé par les graffitis. Quoi de mieux pour poser les premières pierres vers la création artistique, que d'intervenir sur le support qui la fascine le plus : l'architecture abandonnée.
Bâtiments modernes, d'antan ou futuristes : pour Amélie Bernard c'est une source d'inspiration et le début d'une ligne directrice dans son processus créatif. Peu importe la hauteur, la taille, le style : pourvu qu'il soit laissé à l'abandon.
Puis, le graffiti disparaîtra, il laissera place à des techniques diverses, à une palette de projets et d'approches esthétiques. En revanche, l'architecture délaissée elle, reste.
Toujours raffinée, profonde, accessible mais complexe à la fois, et d'une maîtrise hallucinante quand on connait le jeune âge de l'artiste, les œuvres d'Amélie Bernard donnent toujours l'impression de faire partie de l'histoire.
Le temps
Issue d'une famille d'artiste, une arrière et une grand-mère peintres, un grand père architecte, Amélie dès son plus jeune âge a toujours baigné dans un milieu artistique et son attirance pour l’architecture est directement liée à cet héritage. Diplômée d'un Master à l'école de Condé, Amélie est aussi passionnée de littérature et de cinéma. Georges Perec et les univers cinématographiques de Wim Wanders ou de Jim Jarmush nourrissent tout particulièrement ses créations.
Dans ses œuvres, Amélie arrête le temps, s'amuse à le tordre ou à lui donner le tourni. Dans sa série "Instants t" réalisée pour Aneo avec le concours d'Artwork in promess, elle superpose des paysages d'autrefois à des bâtiments du passé, en ajoutant un personnage d'aujourd'hui. Ce monde énigmatique est issu d'un minutieux travail qui mêle diapositive, dispositif corrosif et photographie. Le rendu est coloré, mélancolique.
Par je ne sais quel mystère il est également fashion. Résolument femme, Amélie Bernard transforme en élégance tous les matériaux qu'elle touche. Ses dessins sont charnels et en toute simplicité, ses créations vidéos hypnotiques défendent un propos moderne, au cœur de ses convictions.
L'art du portrait d'architecture
Mais ce pourquoi nous sommes vraiment tombés amoureux d'Amélie Bernard, c'est pour ses gravures qui dépeignent des villas, immeubles et autres buildings au milieu d'un espace désert ou isolé. Rappelant parfois le travail de l'artiste portoricain Enoc Perez, Amélie Bernard capture l'allure de l'architecture, et la sublime. Avec un environnement souvent post-apocalyptique et une poésie qui évoque subtilement l'errance, le lecteur est happé dans un monde parallèle.
On pourrait également se croire dans un décor américain des années 80, devant de belles bâtisses d'architectes habitées par de riches californiens sur les hauteurs de Muholland Drive…