Une exposition en entreprise sur le thème de la diversité avec le photographe Cédric Roulliat
Artwork in promess x EPSA Tax et Innovation
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Artwork in promess x EPSA Tax et Innovation X
Pour innover et impacter, la société Epsa Tax et Innovation a confié à l’agence Artwork in promess la création d’un cycle d’expositions artistiques sur-mesure d’une durée d’un an.
Pour sa 2ème exposition, l’entreprise engagée a choisi le thème de la diversité.
La diversité en entreprise et dans la vie en général peut se résumer par l’acceptation de la différence et donc la lutte contre toutes les formes de discrimination.
Cette lutte pour l’égalité rentre dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises et est un combat de plus en plus important aujourd’hui.
Pour cette exposition, c’est le photographe Cédric Roulliat qui a fait l’unanimité pour illustrer cet enjeu sociétal.
CÉDRIC ROULLIAT, UN PHOTOGRAPHE ENGAGÉ
Pourquoi avoir choisi Cédric Roulliat ?
L’artiste lyonnais nous a tout de suite conquis par son univers artistique mais également par son engagement sociétal.
Très impliqué pour l’Inclusion des personnes LGBT dans le monde du travail, Cédric Roulliat a travaillé pour l’Autre Cercle (association de référence qui œuvre pour l’inclusion des personnes LGBT dans le milieu professionnel).
Son exposition conçue pour la ville de Nancy Clichés ou l’homophobie par l’image & Préjugés, et initiée par l’Autre Cercle a parfaitement illustré sa créativité dans cette thématique qui lui est chère.
Ses photos représentent la diversité mais l’artiste n’oublie pas la mise en scène très soignée et l’humour, cet excellent mécanisme de défense. Le tout ne peut que retenir notre attention, nous faire réagir, ses photos deviennent ainsi inoubliables.
Le rapport de Cédric Roulliat à la photographie
Cédric Roulliat a basé toute sa formation sur le recyclage du matériel argentique de son grand-père.
Boîtier, objectifs, agrandisseur, filtres, papier photo des années 70 : il ne manquait rien.
Il a commencé à mettre en scène ses amies, en leur créant des personnages.
L’artiste vient du dessin, de la bande dessinée, un médium sans contrainte technique, mais très solitaire. Raconter les histoires et les personnages qui lui tenaient à cœur par le biais de la photographie, en collaboration avec une équipe de modèles, lui a permis de « sociabiliser » ces élans narratifs.
Entretien avec Cédric Roulliat
Qu'est-ce qui vous a plu pour ce projet de cycle d'exposition sur la Diversité pour le cabinet de consulting Epsa Tax & Innovation ?
J’aime l’idée de faire se rencontrer le monde de l’entreprise et celui de la photographie, comme point de départ de discussion et d’interprétation, c’est ce processus que j’ai pu constater dans le passé, lors d’expositions dans les lieux professionnels, qui sont eux-mêmes souvent des lieux de diversité.
A quel moment vous êtes-vous engagé pour la Diversité et l’Inclusion dans le monde du travail ?
J’aurais du mal à mettre un point de départ, j’imagine que c’est avec le projet Clichés & Préjugés initié par l’Autre Cercle, contre l’homophobie.
Ils m’ont contacté après avoir vu les images publiées chaque mois sur le mensuel Gay / Lesbien « Hétéroclite », en 2014.
L’idée était de ne pas faire une illustration littérale de ce que pouvait être l’homophobie en entreprise, mais plutôt d’utiliser des codes de fiction stylisés comme support à l’information et le débat.
Quelle est votre définition de la diversité ?
A mon sens la diversité permet à toute entité collective de progresser en confortant des points de vue et des expériences différentes.
Etes-vous militant ?
Mon militantisme est discret et non rattaché à des organismes ou des causes déterminées, je pense que c’est au quotidien, en discutant avec des proches et des collègues que l’on peut sensibiliser à des idées qui nous semblent mériter d’être défendues.
Beaucoup de thèmes sociaux sont abordés dans votre travail, quelles sont vos perceptions sur le monde actuel ?
Le monde actuel donne principalement envie de s’en préserver ! L’évasion par le biais de l’imaginaire est le moteur de ma pratique photographique.
Plus que le monde actuel, ce sont les œuvres de fiction qui m’ont donné le goût des femmes fortes, héroïques, extravagantes, ou au bord de la folie.
Pouvez-vous nous parler de votre travail, proche du roman photo ?
L’image arrêtée, avec ce qu’elle laisse entrevoir d’une histoire plus ample, est un appât pour l’imagination, une énigme à résoudre, un puzzle à compléter. C’est ce qui me passionne depuis qu’enfant, je rêvais devant les pages de Télé Poche présentant les images des films du soir, fragments d’une aventure plus belle et flamboyante dans mon esprit que dans le film qu’il ne m’était alors pas permis de visionner.
Vos photos appartiennent principalement à une époque passée, quelles sont vos références ?
Bien qu’incertain, le passé que j’aime évoquer est celui que je percevais enfant sans le comprendre parfaitement, et qui exerçait sur moi une forte fascination : les années 70 et 80. Cela se traduit par une profusion de références datant de cette époque, avec comme ultime totem la robe à épaulettes.
Comment choisissez-vous les personnages de vos photos ?
Ce sont les modèles qui me choisissent dans la majorité des cas, via les réseaux sociaux, je préfère travailler avec des personnes qui sont déjà sensibles à mon univers et qui l’apprécient.
Vos décors sont toujours soignés, d’où vous vient la genèse d’un projet ?
C’est toujours le lieu, le décor qui fait naître des images, des scénarii et des personnages.
Il est parfois le personnage principal.
Il dicte un contexte, libère ou contraint les corps, offre un terrain de jeu, donne le ton (et la couleur), permet le recul nécessaire à une vue panoramique, ou au contraire crée une intimité avec le modèle.
Je m’essaie parfois au studio, et bien que l’exercice de style soit passionnant, je lui préfère systématiquement les décors naturels.
Une bonne partie de l’organisation de mes travaux consiste à trouver des décors propices à des mises en scène photographiques, c’est mon matériau de départ. A bon entendeur…
Les vêtements de vos personnages sont souvent très colorés, est-une une référence au drapeau LGBT ?
C’est plutôt des codes que j’ai empruntés à mes maîtres en la matière, comme le photographe Guy Bourdin, le cinéaste Almodovar, et plus généralement tout le cinéma en technicolor.
Quelle est pour vous la photo la plus emblématique de cette exposition ?
Polyamide Commando 1 ! Elle me touche et me raconte autant d’histoires qu’il y a de modèles.
La lumière est un facteur important dans la photographie, combien de temps prenez-vous pour cette préparation sur vos shooting ?
C’est très variable en fonction du lieu, du nombre de modèles, etc…, mais je me dirige de plus en plus vers des styles de lumière suffisamment simples pour me permettre de me concentrer davantage sur le travail des modèles.
Avez-vous, avant de prendre vos photos, une idée précise du rendu final, restez-vous sur la mise en scène prévue ?
Il y a toujours une image mentale au départ, mais le génie de la photographie est que le réel et le hasard, ainsi que la contribution des modèles, viennent bouleverser tous les plans préétablis pour créer des clichés inattendus et surprenants – et ce sont mes préférés.
La magie de vos photos réside aussi sur l’humour, est-ce votre état d’esprit naturel ou un choix pour que vos messages soient plus percutants ?
Sans humour la vie est insupportable de façon générale, mais par ailleurs on fait sans doute mieux passer un message (quand il y en a) avec une pointe de dérision.
Votre travail en post-production est-il conséquent ?
Dans le meilleur des cas, la post-prod se limite à gommer quelques imperfections et à gérer contraste et colorimétrie. J’essaie de faire en sorte que 95 % de l’image finale existe déjà à la prise de vue. J’évite dans la mesure du possible de recourir à de trop importants trucages.
Quelle(s) impression(s) voudriez-vous éveiller chez votre spectateur ?
J’aimerais avant tout qu’il ou elle laisse libre court à son imagination, et décrypte la scène de manière personnelle.
Il n’y a pas de « message », pas de signification cachée.
Plus une invitation à la divagation.
Au fil des années j’ai pu entendre au sujet de certaines images des interprétations très différentes. J’en apprends souvent plus sur mon interlocuteur que sur l’image elle-même, et c’est ce qui rend l’exercice intéressant.